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25 Octobre 2008
Synopsis
Un agent secret britannique démissionne brutalement de son poste et rentre chez lui au volant de sa Lotus Seven.Alors qu'il est en train de faire ses valises dans son appartement londonien, un gaz anesthésiant est diffusé dans la pièce.À son réveil, il se retrouve dans le Village, un lieu idyllique et esthétique habité par une communauté insulaire constituée d'une part de villageois numérotés comme lui et, d'autre part, de leurs geôliers, deux classes indifférenciables.Il sera désormais le Numéro 6 et n'aura de cesse de tenter de s'évader du Village.Curieusement, il est le seul habitant dans ce Village à essayer de s'enfuir.Il parviendra finalement à s'échapper pour de bon dans le dernier épisode.
Selon Gilles Visy, dans cet épisode « le Numéro 6 jouera métaphoriquement une partie d'échecs contre l'énigmatique Numéro 1 via le Numéro 2. Ce n'est pas sans rappeler le chevalier du Septième Sceau qui combat la mort sur l'échiquier de la vie. »
Commentaires
La série a donné lieu à des interprétations abondantes, à des fan-clubs, a suscité des sites Web, la firme d'automobiles Renault a même repris le thème du Prisonnier pour faire une publicité, et cela n'est pas étonnant tant elle utilise habilement ce que Stanley Kubrick nommait « la zone fertile de l'ambiguïté ». En fait, chacun peut voir dans Le Prisonnier ce qu'il a envie d'y voir. Le Village ne serait-il pas le symbole de la condition humaine, et le Numéro 6 le pauvre humain qui cherche, sans toujours y parvenir, à lui donner du sens ? Ce Numéro 1 qu'on ne voit jamais (sauf au dernier épisode) n'est-il pas une allégorie de Dieu, et les Numéro 2 qui se suivent et ne se ressemblent pas une personnification, par exemple, de tous ceux qui de façon contradictoire au cours des âges ont affirmé agir en son nom ? C'est en tout cas l'une des hypothèses possibles parmi bien d'autres.
Les ressorts de l'angoisse reposent sur l'absurdité du système de fonctionnement de ce Village surréaliste sur lequel il n'arrive pas à agir. Proie permanente des interrogatoires du Numéro 2 : « Nous voulons des renseignements », il tente de lutter et de fuir pour échapper à cet univers angoissant. Cette série constitue sans nul doute une allégorie des régimes totalitaires, Numéro 6 essaie de lutter en respectant les règles.
Le soir une voix s'échappe des haut-parleurs disposés un peu partout dans le Village pour annoncer le couvre-feu : « Plus que cinq minutes avant l'extinction des lumières. » Le Numéro 6 est surveillé constamment par une quantité innombrable de caméras. Le Village a un indéniable côté 1984 d'Orwell, un côté kafkaïen et carcéral.
Le Village est également une caricature de notre monde quotidien, un univers esthétique et ludique (téléphone sans fil, porte automatique, carte de crédits), envahi par la publicité, une cage dorée dans laquelle seul Numéro 6 semble lucide et déterminé à en sortir, les habitants se saluent d'un Be seeing you ! traduit en français par Bonjour chez vous !. Le Numéro 2 incarne le pouvoir politique temporaire, la boule blanche représente les forces de l'ordre, cette boule nommée « le rodeur » est sans forme, impersonnelle , inquiétante à l'image d'un mirador dans un camp de concentration. Le costume noir du Numéro 6 rappelle à la fois un habit de prêtre (Patrick McGoohan devait entrer dans les ordres mais y a renoncé) et l'uniforme fasciste. Les autres habitants revêtent des costumes très colorés mais évoluent dans un système sans aucun sentiment, sans aucun amour et ont souvent des comportements très excentriques.
« Le Prisonnier évoque une forme de psychose schizophrénique car l'individu lutte contre le système tout en essayant d'y échapper : « Qu'est-ce que c'est ? » et « Qui est-ce ? » sont les deux grandes questions de la peur. La simple formulation de telles questions implique un tremblement du réel annonçant tous les fantasmes du double, tous les symptômes de la dissociation caractéristique de la schizophrénie : soit de cette décomposition de l'âme par laquelle Maupassant définit justement la peur... Mais c'est aussi un véritable éloge de la fuite. À la fin de la série, le Numéro 6 s'évade pour rentrer chez lui comme toute personne qui, ayant fini sa journée de travail, retrouve son logement douillet pour se ressourcer.»
Patrick McGoohan avait joué dans une série d'espionnage « normale » qui avait eu un succès international : Danger man. De cette série au Prisonnier, il ne change rien : ni son appartenance initiale aux services secrets, ni sa coiffure, ni son style. Tout se passe comme si on cherchait à nous faire comprendre que le Prisonnier est John Drake, ce qui accroît l'impression de basculement du réel que la série cherche - et réussit - à donner.
Pour l'anecdote, dans un épisode de Danger man (en français : Destination danger), le village-hôtel de Portmeirion est utilisé. Et aussi, le thème du double (Schizoïd Man) avait été utilisé dans Danger man.
L'accroche de la série est utilisée comme introduction dans The Prisoner de Iron Maiden. La musique du Prisonnier est également reprise par The Clash dans le titre The prisoner.
De façon générale, la série véhicule un message explicitement individualiste et libéral.
Acteurs
Patrick McGoohan : Numéro 6
Angelo Muscat : Le maître d'hotel
Peter Swanwick : Le Superviseur
Leo McKern : Numéro 2
Série
Nom original : The prisoner
Origine : Grande-Bretagne
Maisons de production : Everyman Films, Incorporated Television Company
Année de production : 1967 - 1968
Nombre d'épisodes : 17
Auteur : George Markstein et Patrick McGoohan
Réalisation : Don Chaffey, pat Jackson…
Scénarii : David Tomblin, Anthony Skene, Vincent Tilsley…
Musiques : Ron Grainer
1ère diffusion hertzienne 18 février 1968 (2ème chaine ORTF)
Rediffusions octobre 2008 sur NRJ12