26 Février 2008
Mi chui un ch’ti gars de ch’nord !!!
Je suis né et j’ai vécu 29 ans à 10 minutes de Dunkerque.
J’ai fais plusieurs bals et quelques bandes…
Rien qu'en préparant cet article, j’en ai des frisons et la chair de poule tellement ce carnaval
est superbe et « riche ».
Origines
Le carnaval dunkerquois trouve ses racines dans la pêche en Islande, en effet les marins-pécheurs qui allaient partir se voyaient offrir un repas par leur armateur, cette tradition a ensuite évolué vers la forme actuelle.
Les marins-pêcheurs, avant de partir à la pêche à la morue en Islande, faisaient la fête la veille par peur de ne pas revenir de mer, car beaucoup trouvaient la mort en cours de route.
Les bandes
Une bande est un rassemblement de personnes, déguisées, défilant dans les rue d'une ville ou d'un quartier. Elle est composée du Tambour Major, de la clique (la musique), et des carnavaleux.
Le Tambour Major dirige la musique, et choisit le parcours. Lorsque les fifres (flutes) jouent, les
carnavaleux avancent en marchant doucement (pas à Rosendael). Lorsque les trompettes jouent, alors a lieu un chahut. Les premières lignes ont pour but de retenir les lignes de carnavaleux
poussant de bon coeur. Ces chahuts sont déconseillés aux âmes sensibles et aux rhumatisants !
Les bals
Ils se déroulent la plupart du temps au Kursaal, sur la digue de Malo-les-Bains, à l'avant bal, on se fait un petit tour de digue, et on boit une pinte (une
bière) ou deux dans un café. Le bal est une sorte de grande fête où tous les
carnavaleux se réunissent pour s'amuser et rencontrer des gens, sur des musiques du carnaval et de la variété. Chaque bal est organisé par une association ayant un but, aider les handicapés… Il y
a beaucoup d'associations carnavalesques, par exemple, Les Acharnés, Les Bringuenaeres, Les Corsaires Dunkerquois, Les Creut'ches, Les Kakernesches, Les Quat'z'arts. Les masques peuvent donc
faire la fête tout en aidant des gens dans le besoin, et ça c'est l'esprit carnaval.
Le calendrier
Articulé autour de mardi gras, les dates des bals et des bandes changent légèrement chaque année.
L'ouverture "officielle" du carnaval de dunkerque se fait généralement avec le Bal du Chat Noir et il se termine avec le Bal du Primptemps. Mais ce ne sont que les bals des "grosses" associations
au Kursaal, les autres bal (dit 'de campagne') ne sont pas moins appréciés et de plus en plus réputés.
Le tambour-major
Le tambour-major conduit la musique, il décide de l’endroit des chahuts et autres « tien bon
d’ssus » ainsi que des arrêts de la bande. On ne connaît pas précisément son origine, toujours est-il que le premier tambour-major reconnu comme tel serait « Pintje Bier »
vers 1850. On connaît mieux les tambours-majors après la guerre de
1870, successivement Co-Genièvre, Co-Gnac, Cô-Pinard, Co-Schnick, Co-Trois-Six,
Co-Schlok, le célèbre Cô-Pinard II et l'actuel Co-Schlock II. Le plus célébre
reste Cô-Pinard qui laissa beaucoup de carnavaleux orphelins après sa mort. Une rue dans le quartier de la citadelle lui est dédié laissant à chacun la possibilité de le fêter lors de la bande du
même nom.
Le déguisement "beste'kletche"
Le carnaval est l’occasion de se défouler et de laisser libre cours à son imagination. C’est
pourquoi les carnavaleux rivalisent d’ingéniosité pour la confection de leur clet’che, autrement dit de leur déguisement. Beaucoup d’hommes se déguisent en femmes et pour cela adoptent
perruques, jupes bas-résilles, bijoux, faux-cils, maquillage, chapeaux à fleurs.
Certains enfilent même des sous-vêtements féminins au dessus de leur robe. D’autres choisissent le pagne de paille, le sous-pull noir, se noircissent le visage afin de ressembler aux
« zoulous » sans idée raciste, le carnaval restant une fête. Le tablier d’écolier à carreaux rouge et blanc, très à la mode autrefois, se fait plus discret. Le figueman est très répandu
dans la bande. Il la devance souvent, armé de son bâton au bout duquel pend une chaussette malodorante, une araignée ou un poisson, accrochés par une ficelle, ont remplacé la figue qui lui a
donné son nom au début du siècle. À l’heure actuelle, le figueman surprend les spectateurs avec son araignée. Les déguisements s’assemblent souvent à l’aide de vieux vêtements retrouvés dans le
grenier ou offerts par une tante ou une grand-mère. Les carnavaleux sont les rois de la récupération. Le marché de Dunkerque a même son "coin carnaval", appelé "Cafougnette" ou l'on achète de
vieux vêtements pour le carnaval (fourrures, chapeaux, vêtements..).
Jet de harengs
À la bande de Dunkerque, les carnavaleux s’arrêtent toujours devant l’hôtel de ville où le
maire et son conseil municipal lancent des harengs fumés, enveloppés dans un film protecteur, sur les carnavaleux, ce qui ne manque pas de déclencher une énorme bousculade. Au sommet du jet de harengs,
le maire lance un homard en plastique. Le lancer du homard est un clin d'œil à
l'actuel maire de Dunkerque : Michel Delebarre. En effet, son prédécesseur s'appelait Prouvoyeur, et les carnavaleux, au moment du jet de harengs, chantaient en chœur « Prouvoyeur, des
kippers (harengs fumés en dunkerquois) ! ». Une fois M. Delebarre élu au poste de maire, les carnavaleux, souhaitant conserver une rime traditionnelle, se sont mis à chanter
« Delebarre, des homards ! » ; le carnavaleux chanceux qui l’attrape peut ensuite l’échanger contre un vrai. Chaque bande a son jet de harengs, cependant celui de la bande
de Bergues est différent puisque les harengs sont remplacés par du
fromage de Bergues. Cette étape est riche en émotion pour les carnavaleux, ainsi que
pour les spectateurs, cette marée humaine pleine de couleurs, les cris de joie des chanceux… Après le jet de harengs, en plus de la sueur et de la bière, une odeur de poisson accompagne également
la bande, mais tout bon carnavaleux n'attend qu'une chose tout au long de l'année, ressentir ces sensations chères à son cœur.
L'intrigue
Les carnavaleux partis en Intrigue se déguisent, se « griment », pour ne pas être
reconnus. Ils abordent les passants, spectateurs ou carnavaleux, masquant le plus possible leur identité, mais tâchant de montrer qu’ils connaissent bien leur interlocuteur. Le jeu est alors de
reconnaître l’intriguant, pour le spectateur, et de rester anonyme le plus longtemps possible, pour l’intriguant.On les appelle aussi les Figueman.
Les chapelles
Pendant les bandes, les habitants des quartiers concernés ouvrent leurs portes aux carnavaleux qu’ils connaissent, qui trouvent ici de la bière, de la soupe à l'oignon, des harengs, du poddingue, du potschevleeshe, de la musique, pour une ambiance très conviviale. Il faut souvent connaître un mot de passe pour pouvoir rentrer dans une chapelle, les invitations se font selon la réputation du carnavaleux, si il est respectueux, fêtard et toujours prêt à chanter !
Rigodon final
À la fin de la bande, la musique se place sur un podium autour duquel les carnavaleux entament le rigodon final pendant une
heure sur tous les airs de Carnaval. Les carnavaleux sont écrasés les uns contre les autres pendant tout le rigodon, même pendant les chansons ne provoquant pas habituellement de chahut et autre
« tien bon d'ssus ». Par temps froid, il n'est pas rare de voir s’élever au-dessus des carnavaleux comprimés, un nuage de vapeur, qui donne à l’évènement un aspect irréel. À la fin du
rigodon les carnavaleux entament l’hymne à Co-Pinard, en souvenir du regretté Tambour-Major, et la Cantate à
Jean Bart, en hommage au corsaire dunkerquois. À la bande de Dunkerque, le rigodon final a lieu place Jean Bart et à Malo à la place Turenne autour du kiosque, et sur toutes les places principales des villes et villages lors de bandes.
Chants
Le carnaval de Dunkerque possède un grand nombre de chants traditionnels,comme par exemple :
« Wiche, wiche »
« La Cabaretière (fais-nous crédit) »
« Au Cinquième Étage »
« À Dunkerque »
« Aïe, aïe, aïe, mon port'monnaie »
« Ah c'qu'il a l'air bête celui-là »
« N'achète plus d'allumettes »
« L'amour c'est comme de la salade »
« Ma Belle-mère »
« Mets ton beste Cletch' »
« Le Cake-walk »
« L'Avion »
« Chantal »
« Le Chat noir »
« Roul' ta boss', ton père est bossu »
« Talire, Taloure »
« Un garçon boucher »
« Elle a cassé son parapluie »
« Rose la poissonnière »
« Si tu n'veux pas que ta femme... »
« Come ni mei... Come ni mei... »
« Nous habitons là-haut, là-haut »
« Les macaronis »
« Donne un zô à ton oncle Cô »
« Va laver tes yeux »
« C'est la noce à Crotte-Mion »
« Est-ce que t'as pas vu la bande »
« On dit qu'Dunkerque est mort »
« Ah ! Il fallait pas qu'il aille »
« La femme qu'il aura »
« Mets ton p'tit ... sur la glace »
« Ah ! si vous voulez d'l'amour »
« Ah ! Ah ! Léon »
« Oh ! la ! la ! J'ai perdu ma femme »
« Allume ta pipe à la pompe »
« Tou' les femm' y ... »
« Mad'moiselle, savez-vous danser »
« As-tu connu Manot'che »
« On a fondé une société »
« Où irons-nous le mercredi des cendres »
« Vivent les enfants de Jean Bart »
« Hymne à Jean Bart »